Qui est Nicolas Bunkerd Kitbamrung ?

19 Novembre 2019

Le pape François sera en visite officielle en Thaïlande du 20 au 23 novembre 2019. À cette occasion le Pape consacrera sa journée à la communauté chrétienne, qui représente en Thaïlande environ 1 % de la population. À 11 h, il rencontrera les évêques thaïlandais et de la FABC, l’association des conférences épiscopales d’Asie au sanctuaire du bienheureux Nicholas Boonkerd Kitbamrung.

Qui était Nicolas Bunkerd Kitbamrung ?

Parmi les grandes figures de l'Église catholique de Thaïlande, les catholiques locaux se souviennent avec une vénération particulière du père Nicholas Bunkerd Kitbamrung, mieux connu sous le nom de père Benedikto Chunkim, premier prêtre martyr de l'histoire de la Thaïlande moderne, qui fut béatifié par Saint Jean-Paul II le 5 mars 2000 à une cérémonie solennelle sur la place Saint-Pierre à Rome.

Né le 31 janvier 1895 à Nakhon Pathom, il est l'un des six enfants de Joseph Po Chang et de son épouse Agnès Thiang Krit Bamrung tous deux convertis à la foi catholique.
Il commence ses études ecclésiastiques à Bang Chang, à l'institut ecclésial du Sacré-Cœur en 1908, et parallèlement travaille comme catéchiste jusqu'en 1920. Il poursuivit ensuite ses études à l'étranger, à l'institut ecclésial de Penang (Malaisie) en 1925. Il reçoit les ordres mineurs en août 1924, puis le sous-diaconat en août 1925, et le diaconat en septembre suivant, l'ordination sacerdotale le 24 janvier 1926 dans la cathédrale de l'Assomption à Bangkok.

La cathédrale de l' Assomption située dans l'enceinte du Collège de l' Assomption

Après son ordination, le père Nicholas Bunkerd Kitbamrung se bat pour la liberté du culte et le droit des chrétiens de Thaïlande de professer leur foi.
En tant que religion occidentale, le christianisme était perçu comme étranger et étroitement associé au colonialisme français. En conséquence, des prêtres ont été, malmenés, voire tués, des écoles et églises catholiques fermées. À l'époque, être bouddhiste et thaïlandais était synonyme. Les catholiques étaient souvent considérés comme "des parasites exploitant le grand arbre de Thaïlande et devaient être éliminés".
Les personnes qui ont vécu et travaillé étroitement avec le père Nicolas dans la province de Nakhon Ratchasima, dans le nord-est du pays, en ont témoigné. Parmi eux, le pasteur Moris Meunier a partagé la mission avec le premier martyr de l'histoire de la Thaïlande :
"À cette époque, même si la persécution dans le nord n'était pas aussi grave que dans le centre de la Thaïlande, les catholiques de la région étaient terriblement effrayés".
Chandee Wapeso, une catholique de Nakhon Ratchasima, se souvient qu’au moment de la persécution, des policiers et des chefs de village pénétraient dans l’église et menaçaient les catholiques pour les faire dénoncer leur foi et la répudier.

Une fin de vie en martyr

Accusé de collaborationnisme avec les Français, de défendre le colonialisme et d'inciter les Thaïlandais à se retourner contre leur propre gouvernement, le prêtre thaïlandais fut arrêté le 12 janvier 1941 dans la paroisse de Sainte Thérèse et emprisonné pour espionnage au profit de la France. Poursuivi pour "rébellion contre le royaume", il fut condamné à quinze ans de prison et envoyé à la tristement célèbre prison de Bang Khwang, à Bangkok. Derrière les barreaux, il a cependant poursuivi son travail de missionnaire, apportant à la foi et au baptême plus de soixante personnes.

Le prêtre diocésain décède le 12 janvier 1944 au terme d'une période de cinq ans (1940-1944) caractérisée par des attaques contre la minorité chrétienne de l'ancien royaume de Siam.
Il meurt en prison de tuberculose, tout soin lui étant refusé. Mgr René-Marie-Joseph Perros, missionnaire et vicaire apostolique de Bangkok de 1947 à 1952, a enterré ses restes dans une crypte sous l'autel principal de la cathédrale de l'Assomption.
De nombreux témoins ont confirmé la vie sacrée et la foi du prêtre thaïlandais. Sœur Cecelia Sunee Suparsri, par exemple, a rendu visite au père Kitbamrung à plusieurs reprises au cours de ses trois années d'emprisonnement. "Pendant les années de persécution antichrétienne, les policiers et les administrateurs ont proféré des menaces pour nous forcer à renoncer à notre foi", a-t-elle déclaré. "Ils ont déclaré qu'il était illégal d'être catholique. Ils ont fermé plusieurs églises, le père Kitbamrung s'est battu pour la liberté de religion et a payé de sa vie son action et son témoignage missionnaire. "

À l'heure actuelle, la plupart des Thaïlandais sont bouddhistes (95%), environ 3% sont musulmans et 1 %. sont des chrétiens (divisés à parts égales entre protestants et catholiques), suivis par des groupes confessionnels moins importants.

Le 5 mars 2000, Jean-Paul II béatifie Nicolas Kitbamrung sur la place Saint-Pierre. Sa fête est célébrée chaque 12 janvier.

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